058 - VALEURS ET LIBERTÉ DE PENSÉE

ROTARY – 12/2014

(Lire la version navigable)

Regarder au-delà des canons des religions et des cultures

La connaissance, pour la compréhension des dynamiques sociales et religieuses de notre temps. Grâce à la liberté de pensée et à notre démocratie, nos enfants ont grandi ouverts à la connaissance du sens des coutumes et des traditions transmises au fil des siècles par les anciens ; ils ont acquis une riche identité qui découle de la connaissance de leur histoire sans y rester prisonniers. Nos médias occidentaux font souvent référence aux valeurs universelles qui tirent leur source de la Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 élaborée par l’ONU, déclaration malheureusement non reconnue par 57 pays membres de l’OCI (Organisation de coopération islamique), États islamiques qui appliquent la charia qui tire sa source du Coran et applique ses principes.

Organisation de Coopération Islamique OCI

Nos opinions publiques remettent en question certaines manières de penser et d’agir de la part de nombreuses populations immigrées en Europe ; il y a un problème de compréhension de la connaissance mutuelle et, enfin, du dialogue. Ces malentendus, s’ils sont bien manipulés, provoquent des réactions violentes qui sont canalisées contre l’Occident, en particulier vers les pays européens qui ont colonisé une grande partie de l’Afrique et de l’Asie, continents où se trouvent presque tous les pays qui ont rejoint l’OCI, en particulier les pays de la Ligue arabe. La Ligue arabe est une formation qui regroupe des pays de langue et de culture arabes avec l’Islam comme religion d’Etat (à l’exception du Liban), appliquant la charia à ses citoyens d’une manière diversifiée. Les pays de la Ligue sont situés le long de la partie sud de la Méditerranée et au Moyen-Orient, de sorte qu’ils peuvent être considérés comme nos voisins. Voisins d’où partent les attaques contre l’Europe. Attaques inspirées ou perpétrées par des organismes qui ont échappé au contrôle des gouvernements des États membres de l’ONU.

Écart économique, culturel et démographique

La source de la force de ces organismes, que nous appellerons djihadistes, réside dans la pauvreté dans laquelle vivent ces peuples. Après la Seconde Guerre mondiale, les pays africains ont entamé une forte campagne de développement démographique qui a eu pour résultat en cinquante ans de tripler le nombre de leurs habitants mais de s’appauvrir. Au cours de la même période, l’Europe a connu une croissance économique avec une population plus âgée qui ne garantissait pas suffisamment le renouvellement des générations. L’augmentation de la disponibilité des moyens de transport et de communication a facilité l’émigration vers l’Europe de jeunes de pays régis par des lois qui privilégient les citoyens musulmans par rapport aux adeptes d’autres croyances religieuses, formant ainsi des préjugés mentaux chez les jeunes qui arrivent en Europe où l’égalité des droits et la non-discrimination prévalent. Les citoyens du monde arabe ont été élevés et éduqués dans des États où il existe une discrimination entre musulmans et non-musulmans, une discrimination qui favorise légalement les musulmans, semblable à nos anciennes lois fascistes qui discriminent les juifs. Outre le fossé démographique, économique et culturel, il y a aussi le fossé religieux.

Identité, citoyenneté et religion

Malgré la pudeur des Occidentaux à parler de religion, nous devons reconnaître que la religion et l’état civil des peuples méditerranéens sont inextricablement liés à l’identité de la personne ; le citoyen arabe sent que son identité religieuse a priorité sur sa fidélité politique. Malgré la distance prise par les principales autorités religieuses, les instigateurs du désordre et aujourd’hui les coupeurs de têtes au Moyen-Orient s’appuient sur certains versets du Coran pour justifier leurs actions par l’empreinte religieuse. La pauvreté, l’ignorance, le revanchisme contre les anciens colons, le manque d’intégration dans la société, sont autant d’ingrédients pour devenir la proie de la violence. Jusqu’à récemment, il n’existait pas une telle diversité de cultures que l’on trouve aujourd’hui sur un territoire donné. En fait, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les régions du globe étaient habitées par des gens d’un territoire donné, liés par un dénominateur commun, la même culture, la même religion, la même croyance, les mêmes habitudes. Par exemple, les pays de langue et de culture arabe étaient peuplés d’habitants majoritairement de croyances islamiques, l’Europe et l’Occident de majorités chrétiennes, etc. Chacune d’entre elles est assez uniforme en son sein sans la poussée de révolutions provoquée par la diversité, comme ce fut le cas pour les Arméniens en Turquie. On peut dire, par exemple, que l’élément unificateur des populations arabes est l’élément religieux, c’est-à-dire la religion islamique commune dans laquelle s’insèrent certaines différenciations. Je ne suis pas un peuple arabe sans croyance, sans religion.

Internet, libre circulation, émigration

La facilité de circulation et la libre circulation des idées par Internet, la télévision, les médias et autres ont poussé de nombreuses couches de la population vers l’Europe à la recherche d’améliorations économiques et de stabilité politique. Les technologies ont créé une proximité de peuples très différents et il n’est pas surprenant que la liberté d’expression, de croyance ou d’opinion trouve toujours un organisme qui se considère offensé et justifié d’utiliser la violence pour imposer sa vision. Et avec un profond regret que ces représailles sont presque toujours dirigées contre des citoyens ou des institutions occidentaux, au nom de leur propre religion. Nous devons toutefois noter qu’il n’y a pas de représailles contre les États islamiques où la foi, la liberté et les opinions des non-musulmans font toujours l’objet de discrimination au nom de l’identité et des croyances religieuses. Ces situations opposées doivent nous faire réfléchir et ce n’est qu’après avoir reconnu objectivement les problèmes que nous pourrons raisonner avec leur solution. C’est ce qu’espérait récemment le président égyptien devant l’assemblée des oulémas d’Azhar au Caire. En fait, l’enseignement actuel dans les facultés de théologie islamique part d’une lecture littérale du Coran, selon laquelle le texte sacré de l’Islam n’est pas simplement inspiré mais dicté par Dieu à Mahomet “descendu du ciel sur lui”. Ce sont là des réflexions que je propose pour raisonner sur la véritable nature du défi et sur les remèdes à convenir. Il est clair que la meilleure réponse à l’extrémisme est de créer un front international uni fondé sur des normes universelles de liberté de croyance et de religion, partie intégrante de l’identité de l’individu.

Giuseppe Samir Eid

Libre traduction de l’italien par internet

Les articles publiés visent à fournir les outils d’une inclusion sociale des flux migratoires, à mettre en lumière les droits de l’homme et les conditions de vie des chrétiens dans le monde islamique dont l’auteur est issu. La connaissance de l’autre, des différences culturelles et religieuses sont des ingrédients essentiels pour créer la paix dans le cœur des hommes partout dans le monde, condition préalable à une coexistence pacifique et à une citoyenneté convaincue sur le territoire.

Ti potrebbe interessare anche