DIALOGUE ISLAM ET CHRÉTIENTE

247 critiques. Averroé a eu une grande influen- ce sur Thomas d’Aquin, philosophe, saint, docteur de l’Eglise, mais il a été menacé et a dû fuir ! Le Cardinal Martini a été un précurs- eur de la voie du dialogue dans un esprit de vérité et de respect ; pour dialoguer, il faut deux personnes et dans le monde islamique, il y a une profonde ignorance, je dirais un antagonisme, de notre foi qui n’a malheureusement pas été entendu par les autorités politiques. (an- nexe 7). Enfin, je suis d’accord avec sa conclusion, une expérience de la vie quotidienne, la défense de nos valeurs auprès des nou- veaux immigrants, la prise de conscience de l’identité et des valeurs fondamentales sur lesquelles notre civilisation s’est dével- oppée mais auxquelles beaucoup d’entre nous se sont habitués. Afin d’établir un dialogue entre deux mondes jusqu’ici cul- turellement séparés, il est nécessaire que les deux parties s’efforcent (les Ightihad) de redécouvrir leur propre identité. Sai- sissez toutes les occasions de proposer un exemplaire de l’Évangile à ceux qui n’ont jamais eu l’occasion de le connaître, sauf par le Coran ; convenez que nous devons saisir toutes les occasions de rassembler et d’impliquer le musulman, la personne, la famille, dans nos initiatives. (pièces join- tes7,8). Je ne veux pas vous ennuyer davantage et vous me pardonnerez d’être franc, peut- être à cause de mon expérience dans le monde de l’Islam. Votre article montre votre vif intérêt pour le sujet, m’a incité à joindre quelques fiches qui illustrent ces propos. Avec une grande cordialité. Giuseppe Samir 22/3/2010 Cher M. Giuseppe, je suis très honoré qu’une personne aussi cultivée que vous vouliez vous arrêter et commenter mon article dans le Bulletin. Vous connaissez certainement mieux que moi le monde islamique, mais je peux aussi répondre à certaines observations. Quant à l’origine commune du père Abraham, c’est une affirmation que j’ai tirée entièrement de la lettre de Martini et sans doute une origine commune des peuples est soulignée par l’Ancien Testa- ment lui-même. La foi chrétienne a dév- eloppé un concept trinitaire, qui n’est pas original parce que nous le trouvons sous une forme beaucoup plus ancienne dans le Trimurti indien, que le Coran n’a pas, mais nous devons aussi considérer le lan- gage de chaque livre adapté à ceux qui devaient l’écouter et comme vous le sa- vez bien, les textes évangéliques synop- tiques ont cependant été retravaillés par des communautés déjà plus évoluées et peut-être d’origine grecque qui ont dével- oppé des concepts que peut-être les sim- ples discours de Jésus ne rapportent pas. Quant au fait que le Coran ne parle pas d’amour, je vous invite à lire en annexe ce document intéressant qui a été en- voyé à Ratzinger par 138 illustres re- présentants de l’islam actuel, que vous connaissez peut-être déjà, où ce concept est approfondi en traitant simultanément le texte islamique et les textes chrétiens. Malheureusement, l’interprétation des textes sacrés change selon les yeux de ceux qui l’étudient et, pour les raisons économiques évidentes dont j’ai déjà parlé, les courants fondamentalistes islamiques ont souligné les passages les plus utiles pour inciter à la violence. Mais si nous parcourions la Bible dans les moindres détails, nous serions nous aussi déconcertés par la violence et la cruauté de certains passages (voir an- nexe La Bible et le Coran) ! J’espère vraiment que la religion cesse- ra d’être exploitée à des fins politiques et redeviendra cette nourriture de l’âme qui est sa véritable origine et sa vraie force. Le dialogue avec le monde musulman modéré peut se faire lorsque les condi- tions économiques des couches les plus pauvres de la population sont améliorées

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