DIALOGUE ISLAM ET CHRÉTIENTE

246 LA CROIX ET LE CROISSANT 16/3/2010 Il y a un peuple que personne n’aime vrai- ment, parce que personne ne le connait vraiment et ce peuple est le peuple musul- man. Je me sens le devoir de consacrer toute ma vie à le faire connaître et aimer des islamiques (je les appellerais musul». Louis Massignon Chère Madame, Permettez-moi de commenter l’article La Croix et le Croissant dans le magazine mensuel de la paroisse. Votre article traite à la fois de l’islam et des musulmans (je les appellerais musulmans) ; dans le cas des musulmans, l’en-tête de l’article pourrait très bien reprendre la citation de Massi- gnon. Quant à l’Islam, je pense que certains passages de l’article sont trompeurs, ils prêtent à la confusion faisant apparaître l’Islam comme une dérivation presque chrétienne. Et une stratégie adoptée par l’Islam pour conquérir Jérusalem dès 638 ; l’histoire des conquêtes par l’épée et par la dhimmitude, dominé la moitié du monde en un peu moins de deux siècles, est lon- gue. Les massacres de Rome précèdent la première croisade. Aujourd’hui encore, la stratégie consistant à mettre les pieds en Occident à travers les enclaves islamiques et les conversions basées sur l’ignorance et l’argent à profusion se répète : combien de fois ai-je entendu des chrétiens dire «mais nous sommes tous égaux, il n’y a aucune différence ! C’est l’impression que votre article dans le Bulletin de la parois- se pourrait provoquer ! (cartes 1-3 pièces jointes). Sur les quatre millions et demi d’immi- grés, environ les deux tiers ne sont pas musulmans, ils tentent de s’intégrer sans se regrouper dans des zones où ils sont majoritaires ; pourquoi ? Combiner le Coran avec l’Evangile ne me semble pas correct ; la différence est substantielle ! Bien sûr, Abraham est no- tre père dans la foi, en ce sens qu’il est le premier à avoir cru et obéi au Dieu uni- que qui s’est révélé à lui, donnant lieu à la Révélation judéo-chrétienne. Attention, notre foi n’est pas seulement dans le Dieu unique, mais aussi dans le Dieu unique et trinitaire ; la racine chrétienne se trouve dans le Christ, Dieu fait homme, qui est mort pour notre salut ; il est notre Père ! Le monothéisme, même s’il est partagé, n’est pas fondé sur le même Dieu ; nous ne sommes pas une religion du livre, com- binant de manière simpliste le judaïsme, l’islam et le christianisme. Le Coran ne parle pas d’Amour ! (pièces jointes 4,5). Les ascètes soufis se sont inspirés des mystiques chrétiens et les différentes cita- tions soufies reflètent les croyances d’une infime minorité de musulmans qui ne sont pas reconnus par les courants majoritaires et encore moins par la mosquée de Segra- te. Je pourrais en citer beaucoup d’autres de même contenu de spiritualité mais aus- si d’autres très offensants, que l’on trouve aussi dans le Coran lui-même (annexe 6). Les textes scolaires des collèges et lycées des pays arabes «modérés» sont particu- lièrement virulents contre les chrétiens ! Pour être exacte, l’information doit révéler les deux faces de la pièce. Si vous avez le temps disponible, vous pourrez vous en rendre compte en visitant la bibliothèque de la mosquée de Segrate. Grand maître de la pensée islamique moderne, Taha Hussein, lors d’une rencontre promue par la Fondation Cini de Venise au Centre de Culture et Civilisation, a reconnu la voca- tion, dont le chrétien arabe est porteur, d’être l’intersection de deux mondes dont il peut faire une synthèse visant à la relan- ce et au développement du monde arabe dont il est issu. Aujourd’hui, il a été mis à l’index et Said El Ashmawi sous le feu des

RkJQdWJsaXNoZXIy MjQwMTE=