DIALOGUE ISLAM ET CHRÉTIENTE

88 par les gouvernements dits socialistes et jamais appliquées. L’Islam est alors perçu comme une opportunité de rédemption et il exploite l’ignorance de ces couches so- ciales quant à ses objectifs de conquête. C’est précisément pour cette raison que l’accusation la plus souvent portée contre le travail des gouvernements arabes po- litiquement alliés à l’Occident est celle de ne pas suivre à la lettre les enseignemen- ts du Coran et de céder au compromis avec le monde occidental et ses symboles extérieurs. Effondrement de l’empire ottoman et abolition du califat Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, avec le déclin du monde musulman, a commencé le déclin de la Rome otto- mane, à partir de laquelle l’Angleterre et la France ont essayé de profiter en acquérant le pouvoir dans la région. Au milieu du XIXe siècle, philosophes et pen- seurs arabes, chrétiens et musulmans se sont unis, malgré la colonisation, à la recherche d’une identité perdue et pour créer un nationalisme arabe séculier sur le modèle des idées importées d’Europe, pris comme exemple pour l’émancipation des lois médiévales auxquelles ils étaient encore soumis. Le nationalisme est laïc afin de rassembler dans l’intérêt commun toutes les communautés qui le composent ; il est constitutionnaliste et met l’accent sur le développement culturel, économiq- ue et industriel et l’émancipation des fem- mes. Cela a également eu un impact sur la façon dont les élites vivaient et prati- quaient l’islam : il a évolué d’une manière différente de la pratique populaire. Après la Première Guerre mondiale, la France et l’Angleterre ont accepté de partager l’Empire ottoman, qui avait maintenu dif- férents peuples ensemble par la stricte application de la charia. Avec le démemb- rement de l’Empire ottoman et l’abolition du califat par Atatürk en 1924, les peuples musulmans sont restés «orphelins» du point de vue du roi clément, provoquant des réactions de rejet qui ont suscité des mouvements pour le réveil islamique et la reconstitution du concept d’»umma» et «pour donner l’Islam» en opposition à ce- lui de la nationalité. Foyer national juif A une époque où les Arabes, sur le mo- dèle de l’Europe, ne s’émancipent pas de la législation religieuse, un document britannique de 1917, la «Déclaration Bal- four», garantit la création d’un foyer na- tional juif, un Etat fondé sur l’identité re- ligieuse et donc discriminatoire envers les non-juifs. L’engagement pris, tout en confirmant l’aspiration du premier Con- grès sioniste tenu en 1897 à la suite des pogroms subis par les Juifs d’Europe et de Russie, ne tenait pas compte d’un en- gagement pris précédemment, consistant à créer un Etat arabe en récompense des Arabes qui avaient soutenu la guerre con- tre les Turcs. Réveil islamique Nous avons vu qu’à l’origine, l’union en- tre les Arabes a commencé comme un moteur pour atteindre l’indépendance et que c’était l’instrument social le plus ef- ficace pour introduire la justice sociale et le développement économique et cultu- rel. Avec l’indépendance acquise après la Seconde Guerre mondiale, les pays arabes ont favorisé la gratuité de l’en- seignement et l’industrialisation avec le phénomène d’urbanisation qui s’en est suivi. Mais la nouvelle génération, en particulier l’universitaires, arrachés à leur milieu rural, après un diplôme mais pas un emploi, sont devenus une proie facile pour les fondamentalistes islamiques, qui comblent le vide idéologique et l’absence d’un tissu social stable causé par le flux de paysans qui arrivent dans la ville à la suite de l’explosion démographique. Avec le temps, cet éveil prend une couleur po- litique précise. La religion devient le mo- teur de la libération et de la conquête et coïncide avec l’expansionnisme de l’Islam

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