DIALOGUE ISLAM ET CHRÉTIENTE

243 livres et des écrits publiés en arabe qui font l’éloge de l’Islam en opposition ouverte à la société dans laquelle ils doivent être in- tégrés. L’hospitalité, mal comprise comme ser- vice désintéressé et gratuit provoque une attitude de rejet ou de suspicion qui n’aide pas ceux qui professent l’Islam à s’intégrer dans notre société. Cela nous est également confirmé par Tahar Ben Jalloun, l’un des écrivains maro- cains les plus importants, qui écrit : «L’Eu- rope est inquiète par l’évolution des thèses islamiques dans les environnements des travailleurs qui ont longtemps été des im- migrants dans ses frontières. Il reconnaît également que l’islam est souvent utilisé comme idéologie politique et totalitaire par une minorité déterminée à tout faire pour acquérir le pouvoir. Tout au long de l’hi- stoire, il existe des exemples fréquents de groupes extrémistes qui ont opté pour le langage de la rue, un langage spectaculai- re parce qu’il est basé sur une démonstrat- ion de force et un appel à la violence»(3). En outre, les dirigeants islamiques consi- dèrent l’émigration des jeunes vers l’Occi- dent avec faveur, parce qu’ils considèrent ces jeunes comme les pions de l’expansion islamique en Europe, considérée comme une terre de mission. En fait, par la conclu- sion de mariages mixtes, c’est-à-dire avec des femmes chrétiennes qui deviennent (ou sont forcées de devenir) musulmanes, elles parviennent à l’islamisation de la fa- mille européenne. Pourtant, les centres islamiques, en plus de la tâche religieuse, pourraient jouer un rôle fondamental dans l’amélioration de l’intég- ration dans le pays d’adoption au profit de l’immigrant et de la société d’accueil. D’autant plus qu’il existe de nombreuses convergences entre l’islam et le christia- nisme, les adeptes des deux religions cro- ient au Dieu unique, à la résurrection, au jugement universel, au ciel et en enfer, et le Coran ne présente aucune justification pour l’hostilité et la violence. Est-il donc utopique ou optimiste de voir les centres religieux, réunis au nom de la foi, résoudre les problèmes liés à l’intégrat- ion des immigrés dans la société ? Paroles du Cardinal Martini Les problèmes culturels créés par la récente présence de musulmans dans notre monde occidental ont également été portés à l’attention de l’archevêque de Milan, le cardinal Carlo Maria Marti- ni, dans l’homélie «Noi e l’islam» donnée le 6 décembre 1990, en la fête de Saint Ambroise, patron de Milan. C’était une in- tervention qui, en plus d’examiner les va- leurs de la foi islamique et de donner des indications précises aux communautés chrétiennes en matière d’accueil, n’a pas hésité à considérer avec un réalisme ex- trême certaines questions problématiques qui entravent aujourd’hui une relation plus fraternelle avec les musulmans. De ce point de vue, le Cardinal Martini a rappelé la situation des communautés chrétiennes dans les pays à majorité mu- sulmane, en disant : «Nous espérons des relations d’égalité et de fraternité et nous insistons donc et nous insisterons pour que les lois et coutumes en vigueur dans les pays musulmans à l’égard des chrétiens soient également conformes à ces rela- tions, afin qu’il y ait une juste réciprocité». Il a rappelé que la recherche d’un objectif commun de respect et d’acceptation mu- tuelle exige que les préjugés, fortement enracinés dans l’islam, selon lesquels les non-musulmans sont en fait des non-croyants, soient éliminés. L’archevêque a ensuite souligné la nécess- ité de faire comprendre aux communautés musulmanes qu’en Europe, les relations entre l’Etat et les organisations religieuses sont profondément différentes de celles de leurs pays d’origine : «Si les minorités religieuses ont parmi nous les libertés et les droits qui sont dus à tous les citoyens, sans exception, on ne peut faire appel, par exemple, aux principes du droit islamique pour exiger des espaces juridiques spécif- iques et des prérogatives».

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