DIALOGUE ISLAM ET CHRÉTIENTE

193 ses des plus pauvres sous couvert de l’impérialisme économique. Le même sentiment de revanchisme ne se retrou- ve pas, cependant, contre les Turcs qui ont dominé l’Empire ottoman pendant plus de quatre siècles, soumettant les peuples au nom de la Umma. Le cardi- nal Martini avait souligné que «l’islam, et pas seulement la foi personnelle, est une réalité communautaire très compacte, un mot d’ordre lancé par une voix auto- ritaire peut reconstituer et mener à une étroite unité». Contrairement au citoyen européen et en particulier à l’Italien, il convient de rappeler que le citoyen ara- be, chrétien et musulman, a une identité intimement liée à ses croyances religieu- ses et à sa communauté avant même son pays d’origine. Valeurs universelles et droits de l’homme Les vingt-cinq pays les plus pauvres du monde se trouvent en Afrique où se déroule un grave génocide, où les guer- res entre les groupes ethniques et les différentes communautés, dont la plu- part ont grandi dans des pays de droit islamique commun qui ne séparent pas la religion de l’ordre public, ne permet- tent pas que la liberté de choix religieux puisse rester une affaire personnelle. La majorité des migrants, malgré une men- talité de préjugés à l’égard de l’Europe assimilée au christianisme, continuent de la préférer aux pays islamiques avec de vastes territoires relativement proches, plus riches et ayant un besoin abondant de main-d’œuvre non locale. Bien sûr, la tendance de l’immigration sera en constante augmentation jusqu’à ce qu’il y ait un développement culturel et économique des pays les plus pau- vres, et que les gouvernements des pays les plus riches n’aient pas mis en œuvre d’un commun accord une politique de programmation de l’aide économique ci- blée en même temps que les ressources humaines, la sécurité et la stabilisation politique. La politique doit avoir une vision à long terme qui vise une répartition plus équit- able des richesses et une saine gestion des éléments humains avec la recon- naissance unanime des valeurs univer- selles, des droits humains et de la dignité humaine. Sauver des vies : le lendemain Nous sommes honorés d’avoir sauvé des milliers de vies en fuite de la rive sud de la Méditerranée. Malheureuse- ment, nous ne savons pas comment les aspects sociaux, religieux et culturels des nouveaux arrivants devraient être gérés de la même manière et en même temps, avec les aspects économiques, pour garantir que les nouveaux arrivan- ts soient des facteurs de coexistence et non de division et de conflit. En fait, l’Arabe est habitué à vivre dans un environnement monoculturel, l’émig- ration mondiale le confronte à différents environnements qui le poussent à s’en- fermer, il y a un manque de culture qui l’accompagne hors du monde islamique. Il en va de même pour le pays d’accueil, qui accepte de nouveaux citoyens sans avoir mis en place une politique d’intég- ration adéquate. Les nouveaux recrues, surtout univer- sitaires, arrachés à leur milieu rural, en possession d’un diplôme mais non d’un emploi, sont devenus la proie facile de mouvements très répandus qui cultivent la mentalité antioccidentale «matérialiste et corrompue, athée et incroyant», accu- sant l’Occident (généralement assimilé au monde chrétien) de son retard écon- omique et technologique et du soutien donné à la Constitution de l’État d’Israël. Leur devise «le djihad est notre voie, mourir sur le chemin de All h est notre espoir suprême» par opposition à «sau- ver des vies à tout prix». Ce sont des situations qui exigent de l’État qui accueille favorablement un programme éducatif d’acculturation aux principes de notre société civile : distin-

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