DIALOGUE ISLAM ET CHRÉTIENTE

191 Identité, citoyenneté et religion Malgré la pudeur des Occidentaux à parler de religion, nous devons reconnaître que la religion et l’état civil des peuples méditerr- anéens sont inextricablement liés à l’iden- tité de la personne ; le citoyen arabe sent que son identité religieuse a priorité sur sa fidélité politique. Mal- gré la distance prise par les principales au- torités religieuses, les instigateurs du dés- ordre et aujourd’hui les tailleurs de têtes au Moyen-Orient utilisent certains ver- sets du Coran pour justifier leurs actions par l’empreinte reli- gieuse. La pauvreté, l’ignorance, le revanchisme contre les an- ciens colons, le manque d’intégration dans la société, sont autant d’ingrédients pour devenir la proie de la violence. Jusqu’à récemment, il n’y avait pas cet éventail de croisements de cultures que l’on retrouve aujourd’hui sur un territoire donné. En effet, jusqu’à la Seconde Guer- re mondiale, les régions du monde étaient habitées par des peuples sur un territoire donné, relativement homogène, liés par un dénominateur commun : culture, religion, croyances, habitudes. Des pays de langue et de culture arabes avec une majorité de croyances islamiques, l’Europe chrétienne et l’Occident, etc., tous très uniformes en leur sein, sans la poussée des révolutions provoquées par la diversité comme ce fut le cas pour les Arméniens en Turquie. On peut dire, par exemple, que l’éléme- nt unificateur des populations arabes est l’élément religieux, c’est-à-dire la religion islamique commune dans laquelle s’in- sèrent certaines différenciations. Je ne suis pas une peuple arabe sans croyance, sans religion. Internet, libre circulation, émigration La facilité de circulation et la libre circula- tion des idées par Internet, la télévision, les médias et autres ont poussé de nom- breuses couches de la population vers l’Europe à la recherche d’améliorations économiques et de stabilité politique. Les technologies ont créé une proximité de peuples très différents et il n’est pas sur- prenant que la liber- té d’expression, de croyance ou d’opi- nion trouve toujours un organisme qui se considère offensé et justifié d’utiliser la violence pour impo- ser sa vision. C’est avec un profond re- gret que ces représ- ailles sont presque toujours dirigées contre des citoyens ou des institutions occidentaux au nom de leur religion. Nous devons toutefois noter qu’il n’y a pas de représailles contre les États islamiques où la foi, la liberté et les opi- nions des non-musulmans sont toujours discriminées au nom de l’identité et des croyances religieuses. Ces situations op- posées doivent nous faire réfléchir et ce n’est qu’après avoir reconnu objective- ment les problèmes que nous pourrons raisonner ensemble avec leur solution. C’est ce qu’espérait récemment le prés- ident égyptien devant l’assemblée des oulémas d’Azhar au Caire. En fait, l’en- seignement actuel dans les facultés de théologie islamique part d’une lecture littéraliste du Coran selon laquelle le tex- te sacré de l’Islam n’est pas simplement inspiré mais dicté par Dieu à Mahomet «descendu du ciel sur lui». Ce sont là des réflexions que je propose pour raisonner sur la véritable nature du défi et sur les remèdes à convenir. Il est clair que la meilleure réponse à l’extrém- isme est de créer un front international uni fondé sur des normes universelles de liberté de croyance et de religion, partie intégrante de l’identité de l’individu.

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