DIALOGUE ISLAM ET CHRÉTIENTE

117 ÉGLISES ORIENTALES 2009 Le temps présent n’est pas le premier dans l’histoire où le monde arabe occupe les premières pages des journaux. La guerre du Golfe n’a fait qu’accentuer une tension qui a maintenant culminé en une éruption. Ce que l’on sait moins, c’est que dans ce grand groupe, qui compte environ cent cinquante millions d’habitants et comprend l’ensemble de la Méditerranée orientale et, en Afrique du Nord, vivent côte à côte avec leurs concitoyens musulmans de 12 à 15 millions de chrétiens qui ont joué un rôle important au fil des ans, malgré leur petit nombre. C’est après la conquête ara- bo-islamique que les chrétiens de toutes confessions ont commencé à traduire, du grec et du syriaque en arabe, les œuvres littéraires et scientifiques de leurs préd- écesseurs. Ce sont eux qui ont introduit les envahisseurs du désert dans les disciplines orientales (philosophie, mathématiques, astronomie, médecine et géographie), provoquant ainsi une renaissance qui dura jusqu’au Moyen Âge, lorsque le monde occidental était encore plongé dans l’ob- scurité. A cet égard, il convient de rappeler que Charlemagne avait les yeux grands ouverts devant les cadeaux qui lui avaient été envoyés par Haroun el Rashid. Cependant, le monde occidental n’a pas tardé à évoluer : une nouvelle vague de chrétiens, cherchant refuge en Occident pour échapper aux invasions et aux guer- res incessantes, a apporté avec elle leurs trésors culturels et scientifiques qui ont été les graines de la renaissance de l’Occident. C’est à travers ces traductions que saint Thomas découvrit la philosophie d’Ari- stote. Puis il y a eu une troisième renais- sance : celle de la soi-disant culture arabe, qui languissait sous la domination turque et était sur le point de s’éteindre. Elle re- naît aux mains de la minorité chrétienne, grâce notamment à la découverte de la typographie, qu’ils ont d’abord introduite au Liban. Pendant ce temps, le Vice-Roi Mehemet Ali (le Kedive) ouvrit les portes de l’Egypte aux étrangers. De nombreux Syro-libanais y sont venus, se distinguant particulièrement dans le commerce et le journalisme jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Nasser. A cet égard, nous voudrions men- tionner le premier journal de langue arabe, «el ahram», fondé par Christian Bichara Ta- kla. Ce sont les pages oubliées de l’histoire des Arabes chrétiens qui doivent être ra- menées à la vie enrichie par l’expérience personnelle. Mais ce témoignage va au- delà de la note historique pour confron- ter les discriminations à l’encontre des non-musulmans dans les pays arabes, des discriminations qui continuent à provoquer un exode d’une ampleur considérable. L’immigration dans un Occident tolérant offre un terrain propice à la possibilité de commencer à combler le vide atavique qui divise les hommes qui défendent un Dieu différent mais croyant au même Dieu, le seul Allah, père de tous les hommes. Nous espérons que la connaissance mu- tuelle contribuera à multiplier les échanges culturels entre les peuples, renforçant ainsi les liens d’entraide et d’amitié entre les na- tions !

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